Le vendredi 18 décembre 2015 est un jour historique pour les pompiers de la Haute-Garonne. Pour la première fois dans le département, le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) a utilisé un drone, pour intervenir sur l’incendie d’un entrepôt. Depuis juillet, le SDIS31 a acheté deux aéronefs, une première qui n’en est pas une en France où certaines casernes des Landes et des Bouches-du-Rhône se servent de drones depuis plus de 5 ans. Ces petits avions sans pilote apportent un gain de temps considérable.
« On les prend sur les opérations des sapeurs-pompiers, pour assurer du renseignement et de l’inspection sur des points particuliers, afin d’amener des informations complémentaires au commandant des opérations de secours. Elles permettront de coordonner au mieux une intervention» , explique le Capitaine Olivier Ricard, du groupement opérations du SDIS 31. Certains de ses collègues comme Laurent Chamayou, administrateur SIG (système d’informations géographique), n’hésitent plus à s’en servir pour «cartographier», c’est-à-dire : répertorier des routes ou les zones de végétation.
« Grâce à cela, les pompiers interviendront plus efficacement et plus en sécurité. Cette vue aérienne facilite la mise en place d’un plan d’intervention en cas d’incendie», confie ce spécialiste.
Une réglementation très stricte
Les télépilotes doivent respecter une réglementation très stricte. En rase campagne, ces aéronefs ne peuvent pas voler à plus de 150 mètres de hauteur ni s’éloigner à plus de 200 mètres de ceux qui les pilotent (1 km pour certains modèles, dont l’un de ceux que détient le SDIS 31). Grâce à une autorisation préfectorale, les drones du SDIS 31 peuvent survoler une zone urbaine. Les règles y sont encore plus strictes, car le drone ne doit pas s’éloigner à plus de 100 mètres ni survoler des personnes. Il faut absolument respecter les hauteurs maximales de vol et ne jamais perdre son drone de vue. Il est interdit de le faire voler la nuit ou au-dessus de l’espace public en agglomération. Idem lorsque vous vous trouvez à proximité des aérodromes et les sites sensibles ou protégés.
Toutefois, en cas de situation catastrophique, dans le cadre de missions de secours, de sauvetage, ou de sécurité civile, les drones du SDIS 31 pourront agir sur l’ordre du Préfet.
Une formation pointue pour une bonne prise en main
«Les premiers jours sont plutôt basés sur la théorie, avec les règles de sécurité, les espaces aériens autorisés ou non, mais aussi les lectures de cartes aéronautiques» , détaille Bernard Delattre. Les jours suivants ont été consacrés à la pratique, avec tout d’abord un simulateur de drone puis enfin le moment tant attendu avec le maniement de l’engin. «C’est tout nouveau pour moi. Je ne pensais pas que cela était si compliqué. On travaille en binôme. Le pilote doit se concentrer sur la machine et le cadreur s’occupe de la vidéo grâce à la tablette installée sur la commande. Il faut être parfaitement coordonné», raconte le capitaine Philippe Klein, le chef de centre du secours de Fronton, qui, comme les 5 autres formés de la semaine, a obtenu leur brevet avec aisance
«le drone, c’est avant tout un appui à la décision»
À quoi peuvent servir ces drones ?
C’est un outil dont disposent les pompiers. Au-delà des mesures de sécurité publique, c’est intéressant en termes de gestion de crise civile, comme lors de problème d’inondation ou de pollution. On a souvent des survols par hélicoptère, on peut aussi en avoir par drone en fonction des conditions météo, puisqu’il est difficile de piloter ces aéronefs lorsque le vent excède 50 km/h ou quand il pleut. Cela peut vraiment être utile sur des feux de grande ampleur car cela permet d’avoir des images de l’ensemble d’un bâtiment. Si ce lieu a d’importants stocks de palettes par exemple, le drone permet d’avoir à temps réel une vision d’ensemble. C’est un appui à la décision.
On réfléchit sur les usages que l’on peut en faire. On peut travailler sur la sécurité civile ou le secours incendie. C’est intéressant d’avoir un envoi d’images en direct, une vision opérationnelle plus précise. Cela nous permet de mieux doser les forces d’interventions en fonction de la gravité du sinistre.
(source et crédits Rémi Buhagiar pour « la dépêche »)